« Il y a une baisse significative, sensible, du nombre de manifestants dans la rue, il n’en demeure pas moins qu’il y a encore beaucoup de manifestants. Cela renforce le devoir d’explication du gouvernement sur cette réforme. »
Je lis dans Ouest-France d’aujourd’hui cette déclaration d’Éric Woerth, ministre du travail.
Me viennent plusieurs réflexions. Imaginons qu’il y ait eu plus de manifestants. Le ministre aurait alors déclaré : « Il y a une hausse significative, sensible, du nombre de manifestants. Cela renforce le devoir d’explication du gouvernement sur cette réforme ».
Qu’aurait-il pu déclarer d’autre ? Que le gouvernement accepte de faire machine arrière sur sa réforme ? Alors il faut nous donner les règles du jeu. C’est à partir de combien de manifestants ? Combien de millions de personnes dans la rue ? Combien de lycées fermés ? Combiens de journées de grève ? Y en a-t-il assez ? Non, encore un effort ?
Je n’y crois pas. Peut-être dans quelque temps mais pas pour le moment. Je pense vraiment qu’il aurait eu exactement la même réponse.
Donc, baisse ou hausse du nombre de manifestants, ça ne change rien en ce qui concerne l’attitude du gouvernement. La seule idée qui vient à l’esprit du ministre du travail, c’est qu’on a mal compris sa réforme et qu'il doit encore nous l'expliquer.
On la trouve injuste, c’est qu’on a mal compris. On trouve que les femmes sont pénalisées, c'est qu'on a mal compris. On pense que ça ne tient pas compte de la pénibilité, c'est qu'on a mal compris. On reproche que les syndicats et les partis n’aient pas été consultés en amont pour négocier, c’est qu’on a mal compris. On regrette que les revenus du capital ne soient pas mis à contribution dans le financement de la retraite, c’est qu’on a mal compris.
Je vais vous dire les vrais mots qui étaient dans la tête d’Éric Woerth en faisant cette déclaration : « Les Français sont des cons, ils ne comprennent rien. »
Oui, Monsieur le Ministre, nous sommes des cons. Nous vous avons placés, vous et vos complices, à la tête du pays. Mais, promis juré, nous ne recommencerons pas.
La seule solution, c’est que les députés et sénateurs de la majorité fassent eux-mêmes le travail : désavouer Sarkozy et le gouvernement actuel. Que les sous-officiers se placent du côté des mutins et mettent le capitaine et ses officiers aux fers. C’est leur seule chance de sauver les meubles aux prochaines élections. Vous croyez que je rêve ?