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Nous ignorions l’existence de ce journal. C’est à la fin de l’été dernier que mes sœurs ont découvert, dans la maison familiale, un lourd coffret métallique contenant divers objets et documents militaires, une carte de la Prusse-Orientale et des lettres envoyées par notre père à sa famille, lettres qu’il a dû récupérer après le décès de son père. Mais le plus important dans ce coffret : un carnet, deux cahiers et une dizaine de feuillets provenant d’un autre carnet, le tout constituant le journal qu’il a tenu pendant sa captivité.
Notre père a toujours été discret sur cette période de sa vie. Nous en connaissions seulement les quelques épisodes dont il parlait parfois, mais nous n’imaginions pas - comment aurions-nous pu imaginer ? - ce qu’avait réellement été sa vie quotidienne dans ces circonstances exceptionnelles. J’ai donc entrepris de retranscrire son journal.
J’ai éprouvé énormément d’émotion en découvrant ainsi, dans le détail, les tribulations que cette captivité a entrainées pour mon père. En le suivant sur la carte, en découvrant les endroits précis où il a enduré toutes ces épreuves, j’ai eu l’impression de mieux les appréhender.
Voici donc l’histoire, l’extraordinaire petite histoire, d’un jeune homme ordinaire, trimballé à travers une Europe en effervescence, balloté au vent de la grande Histoire.
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